Pour mes études secondaires, ma mère m’avait inscrit dans une école de religieuses. J’y ai passé quatre années entières à remettre sans cesse en question l’uniforme odieux obligatoire, l’absence totale de garçons dans l’établissement et aussi, les cours de latin !

Hors, lorsqu’il est venu le temps d’introduire la mythologie grecque, alors là, j’étais captivé par chacun des mots de ma professeure. J’adorais cette matière. C’était sans doute ma version personnelle des contes de capes et d’épées, mais avec un arrière-goût de science et de philosophie.

Hadès, l’unique seigneur des « Enfers », régnait sur le monde des morts, endroit habilement entouré sept fois par la rivière des tourments : le Styx. Malgré que l’histoire dépeint Hadès comme un personnage très peu « coloré », il m’a toujours inspiré une certaine admiration. Après tout, son rôle consistait à empêcher les morts de revenir chez les vivants, et aussi de leur assurer un châtiment adéquat selon leurs fautes passées… et il n’est pratiquement pas vénéré dans toute la mythologie! Non mais quand même ! Si on avait appliqué les notions de Napoleon Hill et qu’on lui aurait attitré son salaire en fonction du niveau de difficulté à le remplacer, il aurait fait un carton !

Cela dit, lorsqu’on mourait, c’était là notre dernière destination. Wow !

De vraies vacances sous le soleil dites-donc !

Ironie du sort, nous basculons encore à notre époque entre ces deux mondes.

Eh oui ! Nous sommes en perpétuel dilemme entre la Vie et la Mort. C’est extrême me direz-vous ? Non, pas du tout.

J’étais chez un ami très proche la semaine dernière dans la région du Bas-St-Laurent au Québec. Au cours d’une discussion, il me dit qu’après sept ans de vie commune avec son amoureuse, il lui a imposé très récemment un ultimatum. Un matin au lever, il s’est assis à côté d’elle et lui a dit fermement : « Cela fait six ans que je ne suis pas heureux. Je me lève tous les matins aux côtés d’une femme qui ne sait pas encore si elle veut vivre ou mourir. Alors choisi!

Ce moment de cœur à cœur avec mon ami m’a fait penser en fait à quelque chose : Est-ce que la ligne est réellement si définitive? Y a-t-il un si grand écart entre vivre et être mort ?

La question m’a ramené dans l’utérus de ma mère pendant qu’elle me portait. Au cours de la première échographie, on lui avait dit que le fœtus (moi!) était inerte et sans vie, et qu’elle devra planifier sous peu un curetage si les choses ne s’amorçaient pas naturellement. Vous comprenez son émotion à l’annonce de cette nouvelle sidérante, surtout après un trois ans bien frappé d’essais et d’échecs cumulés.

Puisque je vous écris encore bien vivante aujourd’hui, j’ai une question : La ligne entre la Vie et la Mort est-elle aussi définitive qu’on le prétend ?

Bien des fois durant ces vingt-neuf dernières années, je me suis sentie morte, tout en étant éveillée. Que ça ait été durant la fraction de seconde fatale d’un accident de voiture ou au cours des trois ans d’une relation amoureuse destructrice, je me sentais l’observatrice paralysée d’une réalité qui n’était pas la mienne et dont je ne reconnaissais rien. Toutes ces fois ou j’ai posé des gestes contre moi-même et contre la Vie qui m’habitais, je choisissais momentanément de mourir un peu. Chaque fois que je me suis abandonné à l’immobilité au lieu d’être forte et courageuse, je laissais la Mort m’endormir un peu davantage.

Je crois que c’est ce que les bouddhistes appellent la dualité : tout ce qui est beau est aussi laid, à égale mesure, et tout ce qui est Lumière, est aussi absence de Lumière. Et cela va pour tout, incluant notre conception d’être vivant et d’être mort.

Mais alors s’il existe bel et bien une façon de demeurer dans la lumière de la Vie et de s’y épanouir avec grâce et passion, qu’elle est-elle ?

« Le royaume des Cieux appartient aux petits enfants », a dit Jésus. La réponse se trouve là où vont les petits enfants. Où vont-ils me demanderez-vous ?

Ils vont là où mène leur curiosité ! C’est ça la clé; se laisser virevolter par notre curiosité, ce qui nous amuse foncièrement, ce par quoi on est attiré. À quand remonte la dernière fois où vous avez fait cela, sans vous arrêter en chemin pour vous demander : « À quoi ça rime ??? »

Mais alors, comment réussir à entendre notre curiosité ?

Trouvez votre « spot ». Êtes-vous une « Belle » comme dans le conte de Disney qui trouve son « X » dans une bibliothèque ? Êtes-vous une « Pocahontas » qui trippe des bulles à regarder le crépuscule sur le sommet d’un rocher en pleine nature sauvage ? Êtes-vous une petite sirène qui trouve sa chanson dans l’eau et tout ce qui entoure cet élément majestueux. Elle est là votre flamme, celle qui veut courir vers tout ce que vous désirez profondément, mais qui vous effraie encore plus. Il est là votre feu, celui qui vous distingue parmi la masse et qui refuse de ne se conformer à personne.

Puisque nous avons tous un talent particulier ou un don inné et qu’il est de notre responsabilité d’en faire bénéficier le plus grand nombre, on doit bien entendu être inspiré. On doit s’assurer d’être capable de recevoir des informations, des coups de génie, des illuminations, etc. Et ce qui mène avant tout à l’inspiration, c’est la curiosité. Vous voyez où je veux en venir ???

Être curieux, c’est construire le pont entre ce qui est matériel avec ce qui ne l’est pas… ou du moins, pas encore ! Je crois que c’est l’origine de toutes les idées et les passions.

La curiosité donne automatiquement une raison de croire et elle ouvre grande la place à l’innovation et aux dépassements des limites.

« La curiosité essuie de son innocence les larmes de nos déceptions »

Bref, quand on suit ce qui nous intrigue, on est toujours sur le bon chemin; on est sur le Chemin de la Vie.

Donc aujourd’hui, trouves ton « spot » et laisse-toi submerger par tes couleurs. Elles ne demandent que ça, sortir en dehors ! Alors « déguédines » en bon Québécois, et « magnes-toi » pour l’Européen. Écoutes et suit ton inspiration. L’heure n’est plus aux questions existentielles, mais plutôt à ton ascension vers la version « deluxe » de toi-même, celle qui brûle d’envie de vivre à cent milles à l’heure et vibrer à tout rompre. Il n’y a que toi qui puisse remplir ton rôle ici. On est tout un paquet d’humains à attendre que tu rentres en fonction pour s’élever, se rappeler et guérir.

Alors laisses-toi être curieux, embrasse à pleine bouche ta Vie et bouge ton popotin Divin!

Je t’aime

Jessika