J’ai compris, depuis peu de temps, l’importance de m’aimer moi-même d’abord et avant tout. Je dis, depuis peu de temps, car à plus de 50 ans, j’avoue avoir perdu beaucoup d’années avant de saisir cette phrase si simple.

Je suis certaine que je ne suis pas la seule… que ça vous interpelle aussi?  Pourquoi est-ce si difficile à comprendre ?  À comprendre VRAIMENT ?

On l’a tous entendu ce principe : « Commences par t’aimer toi-même ». Mais nous sommes nombreux et nombreuses à y résister. Ce n’est pas qu’on n’y croit pas.  Nos vieux principes, notre éducation, nous ont plutôt amené à faire plaisir aux autres, à se préoccuper des autres, mais sans tenir compte de nous, en s’oubliant même!

Ce n’est pas mal de prendre soin de notre entourage, bien au contraire, c’est la base de toute bonne relation humaine. La différence vient du fait qu’en prenant soin des autres, on ne doit pas le faire au détriment de nos besoins, de nos valeurs, de qui nous sommes, de notre essence même.

Combien de fois j’ai posé des gestes ou fait des choix parce que c’est ce qu’on s’attendait de moi?  Combien de fois j’ai fait passer le besoin de l’autre avant le mien?  Combien de fois j’ai tu ce que ça me faisait à l’intérieur? Combien de fois j’ai agi parce que je voulais être aimée? Combien de fois j’ai agi comme si mon rôle était déjà défini, défini par les autres, comme si je n’avais pas pouvoir sur cette décision?

J’ai fait des choix (situations familiales, partenaires amoureux, relations amicales) où trop souvent, je n’écoutais pas mon besoin, mon cœur.   J’étais rendue au point où j’étouffais littéralement, je manquais d’air, je me sentais moche et incompétente dans plusieurs sphères de ma vie.

J’aurai été très longue avant d’oser me demander : « Et toi?  Tu veux quoi ? Ça te fait quoi en dedans? » Je dis oser parce qu’au début, je me sentais égoïste, centrée sur moi-même, alors que j’ai toujours appris qu’il faut se tourner vers les autres. C’était presque contre nature !

En commençant à me choisir, j’ai réalisé que j’ai du pouvoir sur ce qui se passe dans ma vie. J’ai du pouvoir sur les choix que je fais. Je me redonne mon plein pouvoir.

J’ai mis fin à une relation amoureuse toxique (j’en aurai eu quelques-unes). J’ai fait un bilan de vie sur tous les plans. Où avais-je réussi ?  Où avais-je échoué ?  De quoi étais-je fière?  Pourquoi ?

J’ai réalisé que j’étais heureuse de mes choix toutes les fois où j’avais pris les rennes de ma vie en mains, et qu’à l’inverse, je constatais que j’étais mal ou j’avais souffert chaque fois où je ne m’étais pas choisie, où je n’avais pas tenu compte de mes besoins.

C’est insidieux vous savez. Ça se glisse sans trop qu’on le voit entre nos bonnes actions, se camouflant sous le couvert de la gentillesse, du don de soi, de l’amour. Ça se cache vraiment bien parfois. La plupart du temps, en fait !   Combien de fois ça vous est arrivé que malgré des hésitations, vous vous trouvez dans le temps de le dire, entourloupé dans une situation que vous ne vouliez pas ? … où vous n’êtes pas bien ?

J’ai commencé, tout doucement, à prendre soin de moi. En fait, à prendre soin de moi aussi bien que lorsque je prenais soin des autres. Comme si je le faisais pour mon enfant, mon amoureux, ma meilleure amie, ma mère. J’ai commencé à me poser des questions : « As-tu envie de ça ? »  « Souhaites-tu vraiment cela ? »  « Est-ce bien ce que tu veux? »

Il y a quelques années, une amie précieuse m’avait incité à établir avant chaque nouvelle décennie, mes souhaits pour ce nouveau bloc de 10 ans qui arrivait dans ma vie. La première fois qu’elle m’a demandé ce que je voulais vivre, réaliser, goûter au cours de mes quarante ans, j’avoue que je ne savais pas trop quoi lui répondre. Je ne m’étais jamais arrêtée à ce genre de questions.  Toutefois, au cours de cette dizaine d’années, j’ai réalisé à plusieurs reprises la valeur de mes souhaits à l’Univers. Quand j’ai approché ma cinquantaine et qu’elle m’a reposé sa question, j’ai souri et je lui ai indiqué ce que je souhaitais. Je voyais une décennie extraordinaire. Là, j’avais vraiment l’impression que je savais ce que je voulais et que j’allais y arriver.

Pourtant, là devant le fleuve à l’aube de mes 55 ans, à mi chemin de cette décennie, je ne me sentais vraiment pas bien. Malgré mes belles intentions, je me sentais en décalage. Où avais-je bifurqué de mes objectifs?  Pourquoi ?

La réponse m’est venue si clairement. Je ne m’aimais pas assez. Pas assez pour bien m’écouter, pour me respecter, d’abord et avant tout, dans tous mes choix. Voilà par où il fallait commencer; me sentir en paix dans chaque pas que je pose, me respecter et écouter mon cœur.

Alors je me suis mise à me parler plus gentiment, plus doucement, à me questionner au fur et à mesure de mes décisions, à tenir compte de ce qui montait même si ça semblait égoïste, à moins me juger quand je trébuchais et que je retournais dans mes vieux « patterns ». Je me suis mise à être plus douce, plus aimante avec moi.  À prendre soin de mon corps, de mon cœur et de mon âme. Et savez-vous quoi ?  J’ai commencé à me sentir plus libre, plus légère, plus en paix avec moi-même. Je me suis donné le droit d’être moi, telle que je suis. La vie, les situations et les gens me demandaient moins d’efforts parce que je ne naviguais plus à contre-courant.

Rassurez-vous, je ne suis pas en train de vous dire que tout était magiquement devenu rose. Simplement, lorsqu’arrivait une situation plus difficile, peu importe quoi ou avec qui, j’étais capable d’être à mon écoute et d’agir en ce sens, dans le respect de qui je suis, beaucoup plus souvent et de plus en plus fréquemment. Et de là, venait cette légèreté.

Et la beauté de la chose, c’est que ça n’enlève en rien à la qualité de mon amour envers les autres. Au contraire, j’ai la conviction que j’aime mieux, parce que je suis plus en équilibre entre les besoins de l’autre et les miens. Maintenant, mon bien-être intérieur passe en premier.  Je suis à l’écoute, je ne nie plus ce que je ressens.   Et forcément, ça me fait faire des choix plus appropriés pour moi, en respect de qui je suis. Comme si, chaque fois que je prends cette route, elle me conduit inévitablement au bon endroit pour moi.

Osez essayer !  Vous verrez par vous-mêmes!   Apprenez à prendre soin de vous aussi bien que vous prenez soin des autres.

Soyez doux et aimant avec vous !

Christiane Turcot